Bhramari pranayama
Bhramari pranayama est une technique de respiration où le pratiquant ferme les oreilles et lors d’une expiration lente, produit un son qu’il fait vibrer dans la tête. Le son caractéristique est apparenté au bruit d’un bourdon. Selon la prononciation, bhramari désigne un bourdon ou bien le bourdonnement émis par cet insecte.
Bhramari pranayama, de par le calme qu’il instaure, permet de réduire le stress, l’anxiété, l’agitation, le sentiment de frustration, la colère, l’hypertension artérielle et les migraines. Il améliore le sommeil, la concentration, la mémoire, la cicatrisation des tissus…
Un effet immédiat
L’effet de Bhramari pranayama est immédiat. Son influence sur la pression artérielle et la fréquence cardiaque a été évaluée lors d’une étude menée en 2010 par le Dr Tapas Pramanik (Département de physiologie, Nepal Medical College, Jorpati, Katmandou). Lors de cette exploration, ces deux paramètres ont été mesurés sur un groupe de 50 volontaires en bonne santé. Les participants ont ensuite effectué pendant 5 minutes Bhramari pranayama, dans un endroit frais et bien aéré.
Puis les mêmes constantes ont été de nouveau mesurées. Les résultats enregistrés montrent une diminution significative de la pression artérielle (diastolique et systolique) ainsi qu’une légère baisse de la fréquence cardiaque. Ceci après seulement cinq minutes.
Les effets de Bhramari pranayama sur la pression artérielle et la fréquence cardiaque
Fréquence cardiaque (battements/mn) | Pression artérielle (cmHg) | |
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Sujets de sexe masculin (n=25) Avant Bhramari pranayama | 78 | 11,6 / 7,9 |
Sujets de sexe masculin (n=25) Après Bhramari pranayama | 76 | 11,1 / 7,2 |
Sujets de sexe féminin (n=25) Avant Bhramari pranayama | 82 | 10,9 / 7,3 |
Sujets de sexe féminin (n=25) Après Bhramari pranayama | 79 | 10,4 / 6,9 |
Interrogés sur leur sentiment après cet exercice, la plupart des participants témoigne d’un calme d’esprit, d’une sensation de bien-être. Ceci est confirmé par de très nombreuses études médicales démontrant le lien entre modes de respiration et états émotionnels. Les pranayamas permettent de réduire les niveaux d’anxiété par une augmentation de l’activité parasympathique dans le système nerveux autonome.
L’activité du cerveau
L’état de détente attentive instaurée par une technique méditative est caractérisé par la présence de l’activité alpha dans le cerveau ; il s’agit d’une activité électrique de 7,7 à 12,5 Hz. Lors d’une méditation profonde, la fréquence peut baisser encore davantage. Cependant, des études ont démontré que dans certaines situations, des pratiquants expérimentés peuvent générer une activité d’une amplitude rare, dans une plage de gamma pouvant s’étendre de 32 à 100 Hz par seconde.
Dans une autre étude sur bhramari pranayama, publiée en 2009 dans la revue Consciousness and Cognition, l’activité du cerveau pendant le bourdonnement a été mesurée. Les résultats ont démontré que pendant la phase de bourdonnement, même chez les débutants, il y a présence d’ondes gamma.
Les vibrations aux sinus, dans la gorge et les oreilles
Le bourdonnement a également une répercussion sur les sinus. D’après le Professeur Pär Stjärne (médecin chef de clinique, oto-rhino-laryngologiste à l’institut Karolinska en Suède), le fait de produire ce son permet de libérer des sinus, du monoxyde de carbone qui y est produit. Ce gaz pénètre ensuite dans les poumons lors de la prochaine inspiration ; il aide à dilater les alvéoles, à augmenter l’absorption d’oxygène et contribue à protéger les poumons des infections.
Le bourdonnement soulage aussi les acouphènes. Ce trouble auditif s’accompagne parfois, pour un grand nombre de personnes, d’effets gênants impactant sur la qualité de vie (difficulté de concentration, dépression et/ou anxiété, trouble du sommeil, tension musculaire). Ce symptôme, pour lequel il n’existe pas de traitement uniformément efficace, peut être atténué à l’aide de bhramari pranayama. C’est ce qu’a démontré Sidheshwar Pandey, médecin indien, spécialiste de l’audition. Même les personnes présentant de sévères acouphènes peuvent pratiquer cette respiration.
Bhramari pranayama pour une amélioration du rendement scolaire
Une étude menée en Inde et rapportée en 2012 a évalué l’effet de bhramari pranayama sur la quantité et la qualité de l’apprentissage atteint chez un sujet après une période d’instruction. Il s’agissait de savoir si bhramari pranayama pouvait avoir une incidence positive sur le rendement scolaire en mathématiques, en sciences et en études sociales.
D’autres études déjà avaient démontrés comment le stress, l’angoisse et la manque de concentration interfèrent et altèrent le processus de mémorisation et comment bhramari pranayama permet d’en réduire les effets en procurant du calme et en augmentant la consommation d’oxygène dans le cerveau.
Durant 7 jours, 65 élèves de 14 à 15 ans, de faible rendement scolaire, se sont prêtés à cette expérience. Les résultats révèlent que le groupe d’adolescents à faible attention a nettement amélioré sa performance académique ainsi que sa vigilance suite à la pratique de bhramari pranayama.
Bhramari, pour une grossesse harmonieuse
Lorsque bhramari pranayama est pratiqué au cours de la grossesse, il peut aider à maintenir et réguler le fonctionnement du système endocrinien pour un accouchement facile.
Selon le médecin indien, Dr Singh, bhramari pranayama élimine les états anxieux et favorise l’apparition d’un calme intérieur, d’un bien-être ressenti dans l’ensemble du corps. L’hypothalamus et l’hypophyse responsables du système nerveux autonome et du système hormonal sont stimulés par le bruit du bourdonnement.
Les effets de cette pratique sur les femmes enceintes furent explorés lors d’une étude clinique menée en 1993 par le Dr Singh, à l’hôpital de Monghyr (Inde), en collaboration avec la Bihar School of Yoga. Ce médecin suivit durant une année, 448 femmes enceintes. Chacune reçut un traitement identique comprenant bilan de santé, éducation diététique, enseignement prénatal… ; même traitement à l’exception d’un groupe de 112 de ces femmes qui pratiquèrent bhramari pranayama une à deux fois par jour, 5 à 10 mn, durant toute leur grossesse et encore un peu au-delà. Les résultats mirent en évidence les aspects suivants :
- Pression sanguine normale chez ces 112 femmes (contre 25 % de femmes ayant une pression artérielle augmentée dans le groupe de contrôle, ceci étant un phénomène « normal » généralement observé au cours de la grossesse)
- Diminution du nombre d’avortements spontanés (2 % contre 8 %)
- Diminution du nombre de naissances prématurées (2,6 % contre 5 %)
- De manière générale, peu de douleur pendant le travail
- Un seul cas de césarienne (1 % contre 4 % dans le groupe témoin)
- Aucun nouveau-né n’a souffert d’un manque d’oxygène (0 % contre 12 %)
- Bon poids moyen des nouveau-nés (3,352 kg contre 2,850 kg)
La voix et les sons psychiques
Produire un ton continu fait partie de plusieurs techniques de yoga. Cela fortifie et améliore la voix et contribue à éviter les maux de gorge ; c’est un outil précieux pour les musiciens. D’ailleurs en Inde, bhramari fait partie du programme d’enseignement de la musique classique.
Bhramari permet aussi de développer son ouïe aux vibrations plus subtiles, il est considéré comme étant une préparation importante pour la pratique de Nada Yoga. Il favorise l’écoute des sons psychiques.
La pratique
La pratique exacte de Bhramari pranayama varie selon les traditions. Il se pratique typiquement en série avec d’autres exercices de respiration. Il est normalement placé après bhastrika, kapalbhati et surya bheda pranayama mais avant nadi shodana. Il peut aussi être pratiqué comme un pranayama indépendant.
Un débutant effectue entre 5 à 10 cycles, mais la pratique peut être augmentée jusqu’à 15 mn ou, pour soulager une angoisse extrême, jusqu’à 30 mn.
Vous pouvez trouver la description de ce pranayama dans le livre Yoga, Tantra et Méditation dans la vie quotidienne par Swami Janakananda – p. 62.
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Mona Bessaa
Mona Bessaa est artiste peintre, diplômée d’une thèse de Doctorat en Esthétique des Arts plastiques. Elle rencontre l’univers du yoga et de la méditation en 2012 lors d’une retraite dans les Pyrénées. C’est à partir de cette découverte déterminante que son travail s’oriente vers de nouvelles thématiques et que naissent ses premières œuvres symboliques structurées autour des figures du mandala ou de la géométrie sacrée.