Comprendre la kundalini – Histoire, significations et expériences

La kundalini est l’un des concepts les plus emblématiques — et les plus énigmatiques — de toute la tradition yogique. Décrite dès les premiers textes tantriques comme la force créatrice de l’univers, elle est aujourd’hui perçue comme une puissance mystérieuse d’éveil spirituel. Mais d’où viennent réellement nos représentations de ce phénomène ? Que savons-nous avec certitude — et que reste-t-il d’obscur ? Explorons ensemble ce qu’en disent les anciens textes, les témoignages de yogis contemporains, et ce que la science commence à entrevoir.
Les multiples significations du mot « kundalini »
Pour démêler les idées qui circulent autour de la kundalini, encore faut-il commencer par examiner le mot lui-même.
Un mot aux multiples visages : kundalini fascine, intrigue, inquiète parfois. Écrire un article à son sujet est une tâche intimidante — même pour un enseignant avec vingt-cinq ans d’expérience comme moi.
Comme l’a souligné Christopher Wallis — chercheur-pratiquant, expert en sanskrit et en tantra — ce terme, autrefois précisément défini dans les textes tantriques traditionnels, est devenu dans le monde moderne un signifiant flottant : un mot dont le sens varie selon les contextes, les individus, ou les idéologies qui l’emploient (Wallis, 2022).
C’est donc une notion difficile à cerner, non seulement en raison de la diversité de ses usages, mais aussi parce qu’elle renvoie à des expériences intérieures, subjectives par nature.
Pour comprendre ce que recouvre le mot kundalini, la première étape consiste à en explorer les différentes significations et leurs origines.
Cet article ne prétend pas définir le vrai sens du mot kundalini, mais plutôt distinguer — et rendre visibles — les multiples sens qu’il incarne aujourd’hui, ainsi que ceux qu’il a pu incarner dans le passé.
L’objectif est simple : vous permettre d’aborder ce terme avec plus de clarté, de discernement, et de lucidité.
Kundalini dans les textes anciens
Commençons par un peu d’histoire.
Déchiffrer le terme kundalini dans les textes sanskrits
Le concept de kundalini a émergé dans les traditions tantriques durant la seconde moitié du premier millénaire de notre ère. Pour rendre justice à ce terme, il faut en revenir à ses racines et examiner ce que les auteurs et les pratiquants d’origine entendaient par là.
Ce n’est pas une tâche facile. Les premières références à la kundalini se trouvent dans des textes tantriques en sanskrit, dont beaucoup ne subsistent que sous forme de manuscrits. Selon le sanskritiste Christopher Wallis, aucun chercheur doté de l’expertise requise n’a encore produit une étude critique approfondie de la kundalini à travers l’ensemble du corpus tantrique. Mais ce qui est sûr, le mot lui-même a connu des glissements de sens au fil du temps, même dans les écritures tantriques, ce qui rend la tâche encore plus complexe.
En l’absence d’une synthèse textuelle solide, notre compréhension de la kundalini tantrique est souvent façonnée par la spéculation et l’extrapolation.
Pour résumer, nous n’avons même pas une image claire de ce que le concept signifiait pour ceux qui l’ont introduit il y a plus de mille ans.
Les premières mentions
Les premières références connues à kundalini diffèrent profondément de la manière dont elle est généralement comprise aujourd’hui. Selon Christopher Wallis, l’idée d’une énergie serpentine endormie à la base de la colonne vertébrale, couramment répandue aujourd’hui, ne se retrouve pas dans les premiers textes sanskrits. Au contraire, la kundalini y était à l’origine décrite comme une force cosmique de création et de conscience. Pour désigner un éveil d’énergie dans les tantras, c’est un autre terme qui était couramment utilisé : shaktipata (Wallis, 2022).
Nisvasatattvasamhita (Ve–VIe siècle de notre ère)
Fait référence à kundalini sous le nom de Kutila – la créatrice et la soutien de l’univers, et l’énergie du son qui monte sous forme de vibration des plus subtiles. (Yudiantara)
Tantrasadbhava (VIIIe siècle de notre ère)
Présente kundalini comme l’essence de shakti, la puissance créatrice à l’origine de toute manifestation.
Kubjikamata Tantra (XIe siècle de notre ère)
Identifie kundalini à la déesse Kubjika, la décrivant comme la matrice (yoni) d’où toute création émerge et dans laquelle elle réside. Kundalini est la mère de l’univers.
Ces sources anciennes présentent le kundalini comme un principe cosmique — l’énergie fondamentale de tout ce qui existe, enracinée dans la réalité elle-même, bien au-delà d’une force psycho-spirituelle individuelle (Goodall, 2020; Yudiantara).
Multiples visions de la kundalini
Avec le temps, un glissement s’opère : la kundalini passe du statut de force universelle à celui d’énergie individuelle présente dans le corps subtil du pratiquant. Dans les textes plus tardifs, on dit qu’elle est enroulée autour du soi individuel (l’atman), et qu’on peut l’éveiller par des visualisations, des mantras, et progressivement par des techniques yogiques telles que les mudra, bandha et pranayama.
L’idée aujourd’hui largement répandue selon laquelle la kundalini repose en sommeil à la base de la colonne vertébrale n’est en réalité qu’une vision parmi d’autres.
Le Sardhatrisatikalottara Tantra (vers 700 de notre ère) situe la kundalini dans le cœur, visualisée comme une pousse enroulée.
Le Tantrasadbhava (vers 800 de notre ère) la décrit également comme enroulée autour du soi (atman) dans le cœur, en lien avec l’amrita, le nectar d’immortalité.
Dans le Tantraloka d’Abhinavagupta (vers l’an 1000), la kundalini est décrite comme triple :
Shakti-kundalini : dormante à la base de la colonne vertébrale
Prana-kundalini : active, s’élevant dans le canal central
Para-kundalini : aspect suprême, situé au-dessus de la tête, identique à la pure conscience.
Kundalini comme pratique, non comme phénomène
Un autre point important : dans de nombreux textes traditionnels, la kundalini est décrite davantage comme une pratique ou un processus, que comme un phénomène psychique ou énergétique.
Par exemple, dire « visualise la kundalini à la base de la colonne vertébrale » ne signifie pas nécessairement qu’elle y réside littéralement. Une grande partie de la littérature yoique décrit ce qu’il faut faire, et non ce qui est sur le plan métaphysique.
C’est une caractéristique typique de la littérature yogique — que l’on retrouve aussi, par exemple, dans la description des chakras. Le yogi est invité à visualiser un chakra comme un lotus, mais cela ne signifie pas que le chakra est un lotus subtil.
On dit souvent que ces textes anciens sont prescriptifs, et non descriptifs.
Celle qui est enroulée
Kundalini est souvent associée à un serpent enroulé. Pourtant, dans le yoga tantrique classique, elle n’était pas à l’origine décrite comme un serpent. L’association vient d’une comparaison : si kundalini avait une forme, elle ressemblerait à un serpent endormi et enroulé — non pas parce qu’elle est un serpent, mais parce qu’elle est enroulée.
Dans le Sardhatrisatikalottara, elle est imaginée comme une jeune pousse en spirale.

Le mot kundalini signifie simplement « celle qui est enroulée », et non « serpent enroulé ».
L’image du serpent endormi est devenue populaire plus tard, notamment dans le hatha yoga, mais elle ne reflète pas les sources tantriques les plus anciennes.
Kundalini dans le Hatha Yoga
Dans le Hatha Yoga, les significations profondes — liées à la nature même de l’univers — que la tradition ancienne associait à la kundalini sont largement mises de côté. Le récit devient plus simple, plus linéaire, centré sur l’énergie individuel :
Une énergie dormante à la base du corps doit être éveillée, puis dirigée vers le haut à l’aide de techniques spécifiques, jusqu’à atteindre le sommet du crâne, où se produit la libération.
Ceci contraste nettement avec les compréhensions plus complexes, non linéaires, multiples et cosmologiques des anciens textes tantriques.
Dans l’Amritasiddhi (XIe siècle, texte antérieur au Hatha Yoga) — bien que le terme kundalini n’y figure pas — une énergie enroulée à la base du canal central est décrite.
Des techniques comme mahamudra, mahabandha et mahavedha sont prescrites pour éveiller et diriger cette énergie.
Dans la Hatha Yoga Pradipika (XVe siècle) :
L’éveil de kundalini est au cœur de la voie yogique.
Grâce aux mudra, bandha et pranayama, la kundalini s’élève dans la sushumna nadi jusqu’au sahasrara chakra.
Une fois le sommet atteint, le yogi accède à la libération, à l’union avec la conscience suprême, et à la transcendance de la dualité.
Tout comme le seigneur des serpents est le fondement des régions de la terre avec leurs montagnes et leurs forêts, ainsi la kundalini est le fondement de tous les systèmes de yoga.
Hatha Yoga Pradipika 3.1
Lorsque la kundalini endormie s’éveille par la faveur du guru, alors tous les lotus sont percés, et les nœuds aussi.
Hatha Yoga Pradipika 3.2
Hatha Yoga Pradipika 3.94*3
Tout comme l’on pourrait utiliser une clé pour forcer l’ouverture d’une double porte, ainsi le yogi ouvre la porte de la libération avec la kundalini.
Les citations ci-dessus viennent du Hatha Pradipika en ligne – une traduction critique en anglais par le Hatha Yoga Project, version française par mes soins.
Kundalini est une force positive
Dans l’ensemble de ces textes — qu’ils soient tantriques anciens ou yogiques plus tardifs — kundalini est décrite comme une force, voire une déesse, à révérer, non à craindre. Elle est transformatrice, libératrice, et essentielle à la réalisation spirituelle.
L’aura ambivalente, voire négative, qui entoure aujourd’hui la kundalini est absente de ces sources traditionnelles.
Comment aborder ces différentes conceptions ?
Quand on observe l’histoire du yoga, on remarque une évolution constante des concepts, des pratiques et des symboles. La kundalini n’échappe pas à cette dynamique : même parmi les premières références, il n’existe pas de théorie unifiée de la kundalini. Le terme désignait d’abord une puissance cosmique soutenant l’univers. Plus tard, il en est venu à désigner une énergie subtile intérieure. Mais même les descriptions de cette kundalini intérieure varient d’un texte à l’autre.
Plutôt que d’y voir une incohérence, on peut y lire les traces d’une exploration vivante et profonde. Les yogis anciens cherchaient sans doute à structurer leurs expériences intérieures — ou celles de leur lignée — à l’aide d’un langage symbolique riche et nuancé.
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L’arrivée de la kundalini en Occident
Lorsque les mouvements ésotériques occidentaux commencèrent à explorer la spiritualité indienne à la fin du XIXe siècle, le Hatha Yoga et les traditions tantriques avaient depuis longtemps dépassé leur période classique de formulation.
Du tantra classique aux courants ésotériques modernes
Les traditions tantriques, autrefois florissantes dans certaines cours royales et institutions monastiques — notamment au Cachemire, au Bengale, au Népal et dans le Deccan — étaient devenues de plus en plus ésotériques et confidentielles. Parallèlement, de nombreux éléments tantriques avaient été discrètement absorbés dans l’hindouisme populaire — en particulier à travers les rituels, la pratique des mantras et le culte des déesses.
Si le mot tantra était devenu controversé en Inde, souvent associé à la magie noire ou à la superstition, ses symboles et ses pratiques sous-jacentes continuaient néanmoins à imprégner la vie spirituelle quotidienne en Inde.
Les pratiques liées à la kundalini dans le contexte du Hatha Yoga existaient toujours, mais elles restaient difficiles d’accès, rarement expliquées, et largement méconnues.
Ainsi, lorsque les premiers chercheurs spirituels occidentaux rencontrèrent le mot kundalini, ils ne découvrirent pas un système cohérent et largement transmis, mais plutôt un paysage fragmenté, composé d’éléments disparates et d’interprétations parfois divergentes.
La découverte de la kundalini par la Société Théosophique
C’est dans ce contexte que s’inscrit l’entrée en scène de la Société Théosophique — un mouvement qui visait à intégrer des concepts spirituels orientaux dans un cadre ésotérique occidental. Très vite, ses membres s’intéressèrent à la kundalini.

Mais en l’absence de traductions accessibles sur ces thèmes précis, et sans contact direct avec des lignées vivantes, la kundalini n’a pas été comprise comme une déesse tantrique ou un processus yogique subtil. Gavin Flood (2006) met en lumière comment, dans ce processus d’assimilation, les concepts tantriques ont souvent été remaniés pour s’adapter aux cadres philosophiques et ésotériques déjà présents en Occident, donnant ainsi naissance à une interprétation aux tonalités bien distinctes.
Elle a plutôt été réimaginée comme une force occulte latente, associée à l’évolution spirituelle, au risque psychique, et à un potentiel cosmique.
Cela a marqué le début d’une nouvelle phase : la kundalini s’est progressivement détachée de son contexte indien traditionnel pour être reconstruite à travers les prismes de l’ésotérisme occidental, de la psychologie jungienne, puis de la spiritualité New Age.
La relecture théosophique de la kundalini
À la fin du XIXe siècle, un mouvement spirituel occidental allait profondément influencer la manière dont la kundalini serait comprise en dehors de l’Inde : la Société Théosophique, fondée en 1875 par Helena Blavatsky, Henry Steel Olcott et d’autres. Mêlant intérêt pour la spiritualité orientale, l’ésotérisme occidental et la science occulte, les théosophes cherchaient à révéler des vérités spirituelles universelles en combinant traditions anciennes et exploration psychique.
Cependant, plutôt que de s’appuyer sur l’étude approfondie des textes sanskrits ou sur une transmission vivante au sein de lignées yogiques traditionnelles, les premiers théosophes adoptèrent une approche sélective, souvent marquée par des interprétations symboliques et personnelles. Ils puisèrent dans des éléments disparates issus de l’hindouisme, du bouddhisme (notamment tibétain), et de leurs propres systèmes ésotériques occidentaux, qu’ils réassemblèrent dans une vision unifiée à travers le prisme de la clairvoyance, des séances médiumniques et d’une cosmologie spéculative.
Le terme kundalini n’occupait pas une place centrale dans les premiers écrits de Blavatsky, mais elle évoquait régulièrement des forces spirituelles latentes, des corps subtils et la possibilité d’une transformation énergétique profonde — des thèmes qui préparèrent le terrain aux élaborations théosophiques ultérieures.
Au début du XXe siècle, sous l’influence d’auteurs comme C.W. Leadbeater et Annie Besant, la kundalini a explicitement été décrite comme une énergie occulte puissante, associée à l’évolution spirituelle, au développement psychique, et à un potentiel cosmique, mais détachée de ses fondements tantriques et yogiques d’origine.
Leadbeater et le récit de la “force dangereuse”
C’est avec C.W. Leadbeater, figure influente de la Société Théosophique, que l’idée d’une kundalini perçue comme énergie psychique instable et potentiellement dangereuse s’est réellement imposée en Occident.

Dans son ouvrage The Chakras (1927), Leadbeater décrit la kundalini comme :
- Une puissance dormante à la base de la colonne vertébrale
- Non pas une shakti ni une déesse, mais un courant énergétique brut
- Dont l’éveil incontrôlé pourrait entraîner la folie, des troubles physiques graves, voire la mort
Il la qualifie même de « force la plus dangereuse contenue dans le corps humain ».
Cette vision, largement reprise dans les milieux ésotériques et New Age, ne repose pas sur une lecture des textes sanskrits ni sur l’expérience yogique, mais sur des observations clairvoyantes décrites dans The Chakras, ainsi que dans The Inner Life et The Hidden Side of Things.
Le système des chakras réinventé
Leadbeater a également apposé sa marque personnelle sur le système des sept chakras, tel qu’il est généralement connu aujourd’hui. Il attribua à chaque centre énergétique une couleur spécifique, des fonctions glandulaires et des capacités psychiques particulières (Leadbeater, 1927).
Ce système n’a que peu de rapport avec les textes classiques indiens, qui décrivent des nombres variables de chakras, associés à des divinités hindoues, aux cinq éléments, et à des syllabes mantriques distinctes.

Pourtant, la réinterprétation de Leadbeater est devenue la matrice de l’anatomie énergétique occidentale moderne, reprise par de nombreux enseignants New Age, praticiens de soins énergétiques, et même certaines lignées de yoga contemporaines.
Un nouveau cadre : de la shakti yogique au feu psychique
Dans les sources traditionnelles indiennes, kundalini est une puissance sacrée — une shakti, une déesse, un potentiel cosmique qui s’éveille par la dévotion, le souffle, le mantra, et qui finit par s’unir à shiva dans le sahasrara chakra.
Mais dans la relecture théosophique, ce sens a été profondément transformé. Kundalini devient :
- Une énergie mécanique circulant dans le corps subtil
- Potentiellement dangereuse, nécessitant un encadrement ésotérique strict
- Un instrument d’activation occulte, plutôt qu’un chemin de libération spirituelle
Cette redéfinition — largement diffusée par Leadbeater et ses successeurs — a eu des conséquences durables.
Encore aujourd’hui, de nombreux pratiquants occidentaux considèrent la kundalini avec crainte ou prudence, convaincus qu’elle ne doit être éveillée que sous la supervision d’un expert. Une perception qui ne vient pas du Tantra classique ni du Hatha Yoga, mais bien de l’héritage théosophique.
Ma propre rencontre avec la théosophie
J’avais dix-sept ans lorsque j’ai découvert que j’étais pratiquement voisin de la bibliothèque théosophique de Stockholm. À l’époque, j’y ai vu un signe — comme si le destin lui-même me poussait vers une voie spirituelle.
Mais mon enthousiasme s’est vite estompé. Ce que j’ai trouvé à l’intérieur, c’était un univers saturé de théories abstraites, de systèmes métaphysiques complexes, et d’un accent presque obsessionnel mis sur la prudence et la retenue.
Les écrits théosophiques parlaient souvent de vérités supérieures, mais invitaient rarement à les explorer directement par l’expérience.
Avec le recul, cette brève immersion m’a fait prendre conscience d’une chose essentielle :
il est presque impossible d’approcher la spiritualité indienne en tant qu’Occidental sans être, même inconsciemment, influencé par la vision théosophique.
Ses images, ses catégories et ses mises en garde ont pénétré profondément la culture spirituelle moderne — au point de devenir, pour beaucoup, le prisme par défaut à travers lequel des notions comme kundalini ou chakras sont perçues.
Arthur Avalon : entre érudition, transmission et ésotérisme
En 1919, le juge britannique et sanskritiste Sir John Woodroffe, écrivant sous le pseudonyme Arthur Avalon, publie The Serpent Power — la première grande étude en anglais entièrement consacrée à la kundalini.
Son ouvrage repose principalement sur le Satcakranirupana, un texte sanskrit du XVIe siècle décrivant un système à six chakras et l’ascension de la kundalini-shakti dans le canal central (sushumna).
Ce livre marque un tournant : pour la première fois, des lecteurs occidentaux découvrent la kundalini à travers un travail sérieux sur les sources sanskrites, et non plus seulement par la spéculation psychique ou l’ésotérisme visionnaire.
Dans de nombreux aspects, Avalon se rapproche davantage du Hatha Yoga classique que ses prédécesseurs occidentaux. Il décrit la kundalini comme une énergie enroulée à la base de la colonne vertébrale, éveillée par le pranayama, les mudras et les bandhas. Cette vision correspond au modèle énergétique présent dans des textes comme la Hatha Yoga Pradipika, où la kundalini est vue comme une force interne à activer plutôt qu’une divinité à adorer.

Cela dit, Avalon ne s’en tient pas à une traduction littérale. Il cherche aussi à interpréter et transmettre, en intégrant parfois des éléments issus de la théosophie, de l’ésotérisme occidental ou de ses propres intuitions symboliques.
Il contribue, par exemple, à la popularisation du système des sept chakras en mettant en avant sahasrara comme un septième, bien que le texte de base n’en évoque que six. Il présente la kundalini comme une énergie psycho-spirituelle universelle, marquant un déplacement : la kundalini devient non seulement un processus yogique de libération, mais aussi un vecteur d’évolution intérieure, une idée qui ouvrira la voie aux lectures psychologiques et New Age du XXe siècle.
Woodroffe affirmait toutefois avoir été initié dans une lignée vivante, et avoir pratiqué selon les instructions reçues de ses maîtres indiens.
Son œuvre, bien qu’imparfaite et marquée par le contexte de son époque, a joué un rôle essentiel dans la transmission des enseignements tantriques au public occidental, en tentant un pont respectueux — quoique partiellement teinté — entre deux mondes spirituels.
Carl Jung : la kundalini comme archétype de transformation
Avec Carl Jung, une nouvelle étape s’amorce : l’intégration de la kundalini dans la psychologie occidentale.
En 1932, le psychiatre suisse Carl Jung donne à Zurich un séminaire intitulé “La psychologie du yoga kundalini”. S’appuyant principalement sur The Serpent Power d’Arthur Avalon, Jung propose une lecture radicalement nouvelle : pour lui, la kundalini n’est ni une force yogique ni une déesse, mais un symbole de transformation intérieure — une métaphore du processus d’individuation, par lequel les aspects conscients et inconscients du soi s’unissent.
Il s’agit d’une interprétation voire création personnelle, non issue du yoga traditionnel.
Les chakras ne sont plus perçus comme des centres subtils liés aux mantras ou aux déités, mais comme des étapes du développement psychologique. Jung associe les chakras inférieurs aux pulsions instinctives et à l’inconscient, et les chakras supérieurs à une prise de conscience progressive, menant à la réalisation de soi.
Jung est l’un des premiers penseurs occidentaux à avoir interprété le système des chakras comme un chemin linéaire d’évolution spirituelle et psychologique — une vision qui influencera durablement la psychologie moderne, le développement personnel et les courants New Age.
Dans cette perspective, les chakras deviennent des archétypes universels enracinés dans la structure de la psyché humaine, et la kundalini symbolise un mouvement intérieur de transformation.
Cette relecture place la kundalini au croisement du symbolisme oriental et de l’introspection psychologique, ouvrant la voie à son intégration dans la psychologie transpersonnelle, les approches de la crise spirituelle, et les thérapies holistiques contemporaines.

Photo par Jan Kopřiva sur Unsplash.
Stanislav Grof : de l’acide LSD à la kundalini
Entre les années 1970 et 1990, le psychiatre d’origine tchèque Stanislav Grof joue un rôle clé dans la reformulation moderne de la kundalini, cette fois à travers le prisme de la psychologie transpersonnelle — une discipline qui cherche à intégrer les dimensions spirituelles dans la compréhension de la psyché humaine.
J’étais encore adolescent lorsque j’ai découvert son livre Les royaumes de l’inconscient humain, consacré à ses recherches sur les états modifiés de conscience induits par le LSD. J’ai tout de suite été fasciné par l’idée que l’esprit humain pouvait s’ouvrir sur une conscience plus vaste.
Dès les années 1950, Grof mène des milliers de séances de psychothérapie assistée par le LSD, à une époque où cette substance est encore utilisée en milieu clinique. Il observe alors des motifs récurrents : visions archétypiques, flux énergétiques intenses, mouvements spontanés, sons intérieurs, libérations émotionnelles puissantes — autant de phénomènes qu’il rapproche des descriptions traditionnelles de l’éveil de la kundalini dans le hatha yoga.
Qu’est-ce que le LSD ?
Le LSD (acide lysergique diéthylamide) est un psychédélique puissant, synthétisé pour la première fois en 1938. À doses mesurées en microgrammes, il induit des états de conscience altérés, des perceptions sensorielles intenses, et une plongée dans l’inconscient. Ses effets — rapides et profonds — présentent certaines similarités avec les états atteints dans la méditation avancée.
Kundalini comme urgence spirituelle
Pour rendre compte de ces expériences, Grof introduit le concept d’urgence spirituelle : des états de crise intérieure, souvent intenses et déstabilisants, mais potentiellement transformateurs. Dans ce cadre, l’éveil de la kundalini devient l’une des formes les plus marquantes — non pas une pathologie à réprimer, comme le pensait Leadbeater, mais un processus à accompagner, comprendre et intégrer avec soin.
Alors que Leadbeater décrivait la kundalini comme « la force la plus dangereuse du corps humain », susceptible de provoquer folie ou maladie si elle était éveillée sans préparation, Grof y voit au contraire un potentiel de guérison et d’évolution, à condition d’un accompagnement adapté. Le danger ne vient pas de l’énergie elle-même, mais du manque de compréhension et de cadre.

Dans le modèle de Grof, la kundalini n’est plus une force mythologique ou occulte, mais un processus psycho-spirituel concret, pouvant être déclenché par la respiration holotropique, des traumatismes anciens, des pratiques méditatives profondes, ou encore par l’usage de psychédéliques comme le LSD. Son approche contribue ainsi à légitimer les états de conscience non ordinaires dans le champ de la psychologie occidentale, tout en proposant une vision plus intégrative que pathologisante.
Vers une nouvelle approche thérapeutique
Dans le sillage de Grof, plusieurs cliniciens et enseignants spirituels développent une approche plus nuancée de la kundalini. Le psychiatre Lee Sannella propose un modèle médical et psychologique dans son livre The Kundalini Experience: Psychosis or Transcendence?, s’appuyant largement sur les observations de Grof.
La psychologue transpersonnelle Bonnie Greenwell, collaboratrice de longue date de Grof, accompagne depuis des décennies les personnes traversant des éveils énergétiques, en insistant sur l’accueil, l’ancrage, et l’intégration bienveillante de ces expériences.
D’autres figures, comme Christina Grof, Emma Bragdon, et des réseaux tels que le Spiritual Emergence Network (SEN), ont œuvré à faire reconnaître ces expériences dans les milieux cliniques et thérapeutiques. Tous s’accordent sur un point : la montée de la kundalini peut être intense, parfois chaotique — mais elle ne relève pas forcément de la maladie mentale. Bien accompagnée, elle peut devenir une crise de transformation profondément positive.
Steve Taylor : une vision contemporaine et bienveillante de la kundalini
Ces dernières années, le psychologue britannique Steve Taylor s’est imposé comme une voix influente dans le domaine de l’éveil spirituel, proposant une approche nuancée et accessible — loin des discours alarmistes qui ont dominé en Occident.
Le psychologue britannique Steve Taylor a interrogé une centaine de personnes ayant vécu une transformation de conscience, “un éveil spirituel”. Dans son ouvrage The Leap: The Psychology of Spiritual Awakening, il distingue deux grandes formes d’éveil spirituel spontané :
- ceux fondés sur des processus énergétiques
- ceux reposant sur un glissement de la conscience, impliquant la dissolution de l’ego, des états d’unité et une perception non-duelle.
Il observe que les éveils centrés sur la conscience sont plus fréquents, mais que les deux types peuvent engendrer une transformation profonde — à condition d’être bien compris, soutenus et intégrés.
Ce qui frappe dans son approche, c’est sa réhabilitation explicite de la kundalini : contrairement à de nombreux modèles occidentaux qui mettent l’accent sur le risque et la pathologie, Taylor insiste sur le fait que, dans la tradition yogique, la kundalini est une force transformatrice et positive. Il écrit :
« On peut présumer que si ces textes n’évoquent pas les difficultés de l’éveil de la kundalini, c’est parce que celui-ci se produisait dans un cadre structuré — monastique ou spirituel —, sous la supervision de maîtres qualifiés, avec une compréhension et une préparation appropriées. Dans ces conditions, les perturbations sont sans doute moins fréquentes. »
Taylor, The Leap, p. 114
Pour Taylor, les problèmes ne viennent pas de l’énergie elle-même, mais de l’absence de préparation, de repères intellectuels et de soutien psychologique. Il contribue ainsi à redonner à la kundalini son statut originel : non pas une anomalie dangereuse, mais une phase naturelle d’éveil intérieur.
Enfin, Taylor adopte une posture résolument laïque et pragmatique. Il affirme ne pas croire en une force mystérieuse lovée à la base de la colonne vertébrale : selon lui, ce que certains appellent kundalini n’est rien d’autre qu’une forme d’énergie vitale ou sexuelle — une réalité humaine, non surnaturelle.
Kundalini circulaire – selon Lee Sannella
Le psychiatre et auteur en psychologie transpersonnelle Lee Sannella, connu pour son ouvrage The Kundalini Experience, explique que, d’après ses observations cliniques, le mouvement de l’énergie n’est pas toujours uniquement ascendant.
Dans de nombreux cas, il a constaté que l’énergie commence à circuler depuis les jambes, monte jusqu’à la tête, puis redescend vers la région du ventre, suivant ainsi un mouvement circulaire ou cyclique, bien différent du schéma linéaire traditionnellement évoqué.
Nous avons maintenant exploré les idées et les théories autour de la kundalini. Mais comment ces concepts résonnent-ils avec les expériences vécues aujourd’hui — celles que beaucoup interprètent à travers le prisme de la kundalini ? Écoutons ce qu’en disent quelques enseignants de yoga contemporains.
Ce que disent les maîtres modernes
Dans un contexte où les théories occultistes et psychologiques ont profondément influencé la manière dont la kundalini est perçue, il me semble essentiel de revenir à la source : que disent aujourd’hui les maîtres de yoga issus de traditions vivantes ?
Après tout, ce sont eux les héritiers des courants spirituels qui ont évoqué la kundalini bien avant que le regard occidental — psychologique ou ésotérique — ne s’y intéresse. Certains transmettent encore, peu ou prou, les pratiques décrites dans les textes anciens du Hatha Yoga, voire dans les traditions tantriques plus anciennes qui l’ont précédé. Ils ont souvent expérimenté ces techniques en profondeur sur eux-mêmes, et ont parfois accompagné des milliers de pratiquants dans des programmes rigoureux visant l’éveil de l’énergie intérieure.
Et il se trouve que des expériences interprétées comme des éveils de kundalini — sensations d’énergie le long de la colonne vertébrale, parfois accompagnées d’une expansion de conscience — ne sont pas rares dans ces milieux. Sans être universelles, elles apparaissent régulièrement chez les pratiquants avancés, et font partie intégrante de la pédagogie de certains maîtres contemporains.
Regardez ce que disent quelques experts confirmés.
Swami Janakananda
Mon propre enseignant, Swami Janakananda, est un maître de Hatha Yoga avancé et de kriya yoga, dans la lignée de Swami Satyananda. Depuis plus de cinquante ans, il transmet ce yoga depuis son centre de retraite en Suède. Sa retraite annuelle de trois mois propose une immersion complète dans les techniques traditionnelles du yoga. Trois mois en retrait du monde, avec jusqu’à 10 heures de pratique par jour et une période de silence de 33 jours : sa retraite offre un cadre exceptionnel pour une exploration yogique profonde.

Lorsque j’ai vécu dans son centre au début des années 2000, il n’aimait pas parler des expériences d’énergie intense, qu’il considérait comme sensationnalistes. Selon lui — comme pour de nombreux autres maîtres — se focaliser sur ce type de manifestations, c’était oublier l’essentiel.
Les participants vivaient parfois des expériences puissantes, mais l’environnement était strictement encadré. La progression était lente, les pratiques nombreuses pour relâcher les tensions, cultiver l’équanimité, et incluaient aussi du chant dévotionnel pour traverser les états difficiles, ainsi que plusieurs heures quotidiennes de karma yoga (travail physique) pour rester ancré. Tout cela favorisait une intégration harmonieuse des éventuelles montées d’énergie.
Les gens traversaient de vrais processus intérieurs, affrontant souvent leurs blessures et traumas, mais il était extrêmement rare que quelqu’un perde pied.
Le message fondamental de Janakananda était clair : quelles que soient vos expériences intérieures, il faut rester ancré. Le yoga devait se traduire par plus de créativité, d’enthousiasme, de volonté, de clarté — et une envie de s’engager activement dans la vie. Et avec sa méthode, cela semblait fonctionner.
Même s’il parlait rarement de ses propres expériences, il lui arrivait, dans certains moments d’inspiration, de décrire des épisodes issus de sa pratique intensive dans sa jeunesse : des montées d’énergie dans la colonne, une perception altérée, une sensibilité extrême, un contact profond avec l’inconscient. Des récits qui n’étaient pas sans rappeler certaines descriptions de voyages sous LSD.
Le cas de Gopi Krishna – un éveil sans guide
Parmi les récits les plus marquants du XXe siècle figure celui de Gopi Krishna, auteur de Kundalini: The Evolutionary Energy in Man (1967). Cet employé de l’administration du Cachemire pratiquait la méditation seul, chaque matin à l’aube, sans accompagnement.
Un jour, l’énergie monta subitement dans sa colonne vertébrale, déclenchant une série de symptômes intenses : sensations de feu dans la tête, troubles mentaux, épisodes d’euphorie et de désespoir. Malgré ces signes de surcharge, il continua à méditer, sans adapter sa pratique ni chercher à se réguler. Il suivait son intuition, modifiait son régime alimentaire, et avançait sans autre repère que sa volonté.
Son témoignage a eu une grande influence, contribuant à associer la kundalini à un danger latent. Mais avec du recul, ce qu’il révèle surtout, c’est le risque d’une pratique spirituelle intense en autonomie, sans cadre ni régulation. Ce que Gopi Krishna vivait n’était pas forcément dû à la montée d’énergie elle-même, mais plutôt au manque d’ancrage, de régularisation et de discernement.
Yogani
Le professeur de yoga moderne et anonyme connu sous le nom de Yogani est un pionnier dans la transmission du yoga en ligne. Il a créé un système de yoga qu’il appelle Advanced Yoga Practices (A.Y.P.), fondé sur des éléments issus de plusieurs traditions, mais s’inspirant principalement du Hatha Yoga, du kriya yoga et de la méditation bouddhiste.
Yogani assimile la kundalini, de manière positive, à un terme qu’il a lui-même forgé : « conductivité extatique ».
Il encourage un éveil progressif de cette conductivité extatique grâce à une pratique de yoga biquotidienne, basée entre autres sur ujjayi pranayama, avec l’attention portée sur le canal central de la colonne vertébrale.
Il invite les pratiquants à établir une routine régulière sur le long terme, à commencer en douceur et à réguler l’intensité pour atteindre un niveau d’activation confortable.
En cas de déséquilibre dû à une sensibilité excessive ou à un excès d’énergie, il propose plusieurs pistes pour retrouver l’équilibre : ajuster l’intensité de la pratique, surveiller son alimentation, rester actif sans excès, choisir de bonnes fréquentations, faire de l’exercice physique, marcher longtemps… Des conseils qui paraîtront très familiers et pleins de bon sens à toute personne expérimentée dans le yoga et la méditation.
Forrest Knutson
Forrest Knutson est un autre enseignant qui partage le yoga en ligne. Il s’inscrit dans la lignée du yogi du XIXe siècle Lahiri Mahasaya, et j’apprécie sa manière posée et terre-à-terre de parler de pratiques pourtant très puissantes.
Forrest est souvent contacté par des personnes qui interprètent leurs expériences intenses comme des éveils de kundalini. Il reste très serein face à ce type de récits, qu’il ne considère pas du tout comme mystérieux.
Selon lui, l’éveil de la kundalini, c’est simplement devenir plus conscient de ce qui se passe déjà en nous. Cela permet un accès élargi à l’inconscient — une posture qui rejoint celle de l’Institute for the Awakened Mind.
Comme beaucoup de yogis, il conseille de pratiquer avec douceur. Si cela devient trop intense, il propose de ralentir. Ce n’est, dit-il, qu’un contenu inconscient qui fait surface. Le problème vient de l’interprétation : si l’on donne trop de crédit à certaines pensées, on peut se laisser envahir par la peur.
Et sur ce point, je le rejoins : ce n’est pas tant l’expérience elle-même qui peut être déstabilisante, mais la manière dont on la comprend — et l’impact que la peur peut avoir si l’on oublie de prendre du recul.

Témoignages et anecdotes de mon réseaux
Je pratique le yoga et la méditation depuis la fin des années 1990, et j’enseigne professionnellement depuis 2002. Pendant de longues périodes, j’ai pratiqué plusieurs heures par jour. Je sais donc, par expérience directe, à quel point le yoga peut avoir un impact profond et puissant.
Une intégration de l’énergie sans heurts
Pour ma part, les effets du yoga ont été globalement très positifs. Mais lorsque j’ai découvert les états modifiés liés à la méditation, ils m’ont parfois effrayé. Je comprends donc aisément comment une combinaison d’états altérés et de peur peut déstabiliser certains. Plus tard, j’ai aussi constaté que les pratiques trop intenses, sans préparation ni équilibre, peuvent avoir des effets perturbants.
Je n’ai jamais vécu d’expériences énergétiques spectaculaires. Chez moi, l’énergie s’est toujours intégrée en douceur, se manifestant plutôt par un équilibre intérieur, une motivation accrue, de la force, de la clarté mentale et de la créativité dans la vie quotidienne.
Éveils de shakti et expériences énergétiques fortes chez mes élèves
En plus de 25 ans d’enseignement, je n’ai jamais rencontré de véritables crises spirituelles aiguës comme celles décrites par Stanislav Grof. En revanche, dans mon réseau, plusieurs personnes ont vécu des phénomènes énergétiques similaires à ceux évoqués dans les textes de Hatha Yoga.
Voici quelques exemples marquants :
– Un enseignant de yoga de ma tradition, que je connaissais bien, a vécu ce qu’il a interprété comme une montée de kundalini dans la posture l’étirement du dos (aussi connu comme la pince ou paschimottanasana). L’énergie s’est arrêtée au niveau du ventre. Il affirme que cette expérience l’a rendu extrêmement sensible aux énergies subtiles, aux pensées et émotions d’autrui. Elle a aussi renforcé son ambition dans la poursuite de ses objectifs de vie.
– Un ami yogi a vécu une profonde réalisation de sa véritable nature. Au moment précis de cette prise de conscience, une explosion d’énergie s’est produite dans son cœur. L’expérience l’a transformé durablement. Selon ses dires, durant les jours qui ont suivi, son rayonnement énergétique était si intense qu’il pouvait « toucher » les gens à distance, sur plusieurs mètres — un phénomène qui a rapidement disparu, mais dont l’éveil intérieur est resté.
– Une enseignante de yoga a connu une puissante montée d’énergie dans la colonne vertébrale lors d’une retraite de méditation. Elle s’est retrouvée dans un état modifié de conscience, marqué par un sentiment d’unité, de connexion profonde et d’harmonie. Cet état s’est progressivement atténué au fil des mois, mais elle l’a entretenu par une pratique méditative quotidienne.
– Une élève m’a raconté qu’elle avait eu un rapport sexuel avec son partenaire lorsque soudain une intense montée d’énergie a parcouru sa colonne. Elle a eu la sensation que sa conscience quittait son corps par le sommet du crâne, où elle aurait rencontré un être céleste.
Rencontre avec un être celeste
Ce type d’expérience est assez fréquent, comme le mentionne le Dr Dawson Church dans son livre Mind to Matter. Celui-ci interprète ces « êtres » comme des représentations symboliques de notre propre esprit subconscient.
– Une amie yogini, sans expérience préalable du yoga ou de la méditation, a vécu une montée d’énergie légère mais réelle. Cette expérience n’a pas modifié durablement son état, mais elle l’a poussée à s’engager dans une pratique assidue… et à devenir enseignante à son tour.
Témoignages recueillis auprès d’autres enseignants
Au fil des années, j’ai également collecté quelques anecdotes marquantes auprès de collègues enseignants. En voici deux qui me semble pertinent :
– Une élève a contacté l’un de mes collègues pour lui demander une explication à une expérience vécue en méditation : une sensation de lumière qui montait le long de la colonne vertébrale.
– L’un de mes mentors m’a raconté avoir dirigé une séance de méditation basée sur ujjayi pranayama, une technique de respiration yogique. À un moment donné, un des participants est brusquement tombé en arrière. Lorsqu’on l’a interrogé, il a expliqué avoir ressenti une puissante montée d’énergie dans la colonne — soudaine et totalement inattendue. Selon lui, cette expérience aurait été facilitée par une session de karma yoga particulièrement intense et dévouée juste avant la méditation.
Mon questionnaire sur l’énergie
Il y a quelques années, j’ai envoyé un questionnaire à 76 pratiquants de yoga expérimentés issus de ma tradition. Un sondage très rudimentaire et loin d’être scientifique — mais étant donné le peu de recherches sérieuses disponibles sur le sujet, je pense qu’il a tout de même une certaine valeur. Il m’a en tout cas permis d’y voir plus clair.
57 % des répondants ont déclaré avoir ressenti au moins une fois une montée d’énergie dans la colonne vertébrale. Parmi ceux-là, la plupart avaient vécu cette expérience à plusieurs reprises, et beaucoup en avaient connu au moins une qu’ils qualifiaient d’intense. Fait intéressant : seuls environ la moitié de ceux ayant vécu une montée d’énergie estiment que cela a eu un impact durable sur leur état intérieur.
Ce que dit la science sur la kundalini
Bien que les témoignages et les enseignements explorés jusqu’ici offrent des éclairages précieux sur les expériences liées à la kundalini, comment ces phénomènes sont-ils perçus à travers le prisme de la science ?

Le concept de kundalini se situe largement en dehors du paradigme scientifique actuel. Dans la plupart des milieux académiques — en particulier dans les sciences dures —, évoquer ce sujet de manière sérieuse suffit souvent à compromettre une carrière de chercheur. En conséquence, très peu d’études se sont risquées à aborder le phénomène directement, et celles qui l’ont fait le recadrent généralement en termes de psychologie ou d’anthropologie culturelle.
Cela dit, un petit nombre croissant de travaux scientifiques s’intéressent à des expériences qui ressemblent à ce que les traditions yogiques décrivent comme l’éveil de la kundalini. En voici un aperçu.
Histoire des religions
Pour commencer, dans le domaine de l’histoire des religions, les origines et l’évolution du concept de kundalini restent encore peu explorées. Comme l’ont souligné Christopher Wallis et d’autres chercheurs, la kundalini n’est pas une notion unifiée ou figée dans les textes historiques. Il manque encore une cartographie historique approfondie, et un travail important reste à faire pour comprendre comment cette idée s’est développée selon les régions, les traditions et les époques.
Psychologie
Dans le domaine de la psychologie, des chercheurs comme Steve Taylor et d’autres spécialistes de la psychologie transpersonnelle ont commencé à explorer et à catégoriser des expériences souvent qualifiées d’« éveils de kundalini » ou de « crises spirituelles ». Celles-ci peuvent inclure des changements soudains de perception, des états énergétiques intenses, et des transformations psychologiques profondes.
Bien que la psychologie transpersonnelle soit reconnue dans certains milieux académiques, elle reste à la marge de la psychologie conventionnelle et cherche encore à être pleinement acceptée comme une discipline scientifique légitime et rigoureuse.
Recherche sur la méditation
La recherche sur la méditation, autrefois marginale dans les années 1970, est aujourd’hui devenue un champ reconnu par la science conventionnelle. Cependant, la majorité des études ont été menées sur des débutants.
Les phénomènes que l’on associe à la kundalini restent très peu étudiés. Toutefois, certains chercheurs commencent à s’intéresser à la méditation avancée, ce qui pourrait, à l’avenir, nous apporter des éclairages nouveaux.
Daniel Goleman et Richard Davidson (2017) ont montré, dans leur synthèse Altered Traits, que les effets les plus profonds de la méditation — notamment en termes de transformation durable de la cognition et des émotions — n’émergent qu’après des milliers d’heures de pratique intensive. Ces recherches suggèrent que des états mentaux profonds, comparables à ceux que certaines traditions associent à l’éveil de la kundalini, pourraient être observables scientifiquement — à condition d’étudier des méditants avancés, ce qui reste rare à ce jour.
Par ailleurs, la recherche scientifique ne montre aucune association entre la méditation et l’émergence d’états mentaux déstabilisants. Les expériences décrites comme « urgences spirituelles » dans certains récits thérapeutiques ne sont pas documentées dans les études empiriques sur la méditation. Dans l’ensemble, les données disponibles suggèrent que la méditation, lorsqu’elle est pratiquée dans un cadre approprié, est une pratique sûre et bénéfique.
Recherches sur la sécurité du yoga
Plusieurs grandes études ont évalué la sécurité du yoga auprès de milliers de pratiquants, notamment une enquête menée en Australie auprès de 2 567 personnes (Penman et al., 2012). Ces travaux se concentrent principalement sur les blessures physiques, généralement rares et bénignes.

Aucune de ces études ne rapporte d’effets secondaires psychologiques graves, ni de signes d’« urgences spirituelles ». Même si ce n’était pas l’objet principal des recherches, on peut raisonnablement penser que si de tels troubles étaient fréquents, ils auraient été détectés.
Au contraire, ces enquêtes soulignent des effets positifs sur le stress, l’humeur et le bien-être mental. Dans le cadre habituel d’un yoga postural progressif et encadré, les données disponibles confirment que le yoga est une pratique sûre, y compris sur le plan psychologique.
Recherche psychédélique
La recherche contemporaine sur les psychédéliques, en plein essor, ouvre une voie prometteuse pour l’étude des états de conscience profonds — notamment ceux impliquant la dissolution de l’ego, des flux d’énergie intenses, ou des transformations identitaires marquées.
Menés le plus souvent en contexte clinique encadré, ces travaux pourraient à terme offrir des éclairages précieux sur certains aspects de l’expérience de kundalini, difficilement accessibles par les approches scientifiques traditionnelles.
Il est également notable que les expériences de type « urgence spirituelle » sont davantage rapportées dans un contexte psychédélique que dans un parcours yogique ou méditatif.
Neurosciences indépendantes
En dehors du monde académique conventionnel, certaines initiatives en neurosciences indépendantes ont relevé le défi d’étudier directement les phénomènes proches de ce que les traditions appellent l’éveil de la kundalini.
Un exemple notable est l’Institute of the Awakened Mind, une organisation située à l’intersection du neurofeedback, de la pratique contemplative et de la psychologie expérientielle. L’Institut a entrepris des recherches ambitieuses visant à cartographier les états méditatifs avancés à l’aide de l’électroencéphalographie (EEG), afin de comprendre les schémas d’ondes cérébrales associés à des expériences intérieures profondes, souvent décrites en termes yogiques ou spirituels.
Kundalini et les rythmes d’activité cérébrale
Ci-dessous, vous voyez le schéma d’ondes cérébrales d’un non-méditant. Les ondes cérébrales lentes, situées à l’extrémité inférieure du diagramme, sont hors de portée de la conscience car les ondes alpha intermédiaires ne sont pas assez fortes.

Le diagramme suivant montre un méditant confirmé. Ici, les ondes alpha sont fortes, comblant efficacement le fossé vers le subconscient. Un accès soudain et bouleversant au subconscient pourrait être ce que certains qui l’expérimentent interprètent comme une expérience de Kundalini.

Pour aller plus loin, lisez notre article sur les ondes cérébrales et la méditation.
Dans cette perspective, l’éveil de la kundalini est compris comme un phénomène neuroélectrique : une synchronisation accrue entre les hémisphères cérébraux et une intensification des ondes gamma. Ces ondes cérébrales très rapides sont associées à une cohérence renforcée entre différentes zones du cerveau, et parfois à des états de conscience élargie.
Loin de toute interprétation mystique, l’Institut décrit l’éveil comme un processus mesurable de haute cohérence cérébrale — fréquemment observé chez des méditants avancés ou chez des personnes traversant une transformation intérieure profonde.
Même si ces observations rejoignent certains résultats de la recherche universitaire sur les ondes cérébrales liées à la méditation, les travaux de l’Institut ne suivent pas les protocoles rigoureux de la recherche clinique conventionnelle.
Cela dit, leur contribution demeure précieuse. L’approche de l’Institut ouvre une voie originale, mêlant technologie, introspection et pédagogie pour explorer les états modifiés de conscience. En proposant un langage clair et des outils concrets à ceux qui vivent des éveils intérieurs — notamment ceux qualifiés de kundalini — ils offrent une cartographie utile, accessible et fondée sur l’expérience vécue, bien qu’en marge du champ scientifique établi.

Clarifier la confusion autour de la kundalini — et aller de l’avant
À ce stade, vous aurez compris que le mot kundalini recouvre tant de significations différentes qu’il devient difficile de l’utiliser de manière intelligente.
Prendre conscience des couches de sens
Ses significations ont évolué au fil du temps et varient selon les traditions, les cultures et les interprétations individuelles. À travers les siècles, les idées de différentes personnes et courants se sont superposées aux compréhensions précédentes, formant un ensemble complexe de représentations.
Il faut s’informer pour réaliser à quel point les interprétations modernes de la kundalini sont stratifiées et parfois incohérentes. Même des personnalités indiennes célèbres, tel le youtuber Sadhguru, reprennent les discours de prudence introduits par des auteurs ésotériques occidentaux comme Charles Leadbeater. Cela illustre à quel point ces relectures ont profondément pénétré le discours mondial sur le yoga, y compris dans son pays d’origine.
La kundalini comme urgence spirituelle
Des éveils spontanés, comme ceux décrits par Stanislav Grof ou Steve Taylor, surviennent peut-être plus souvent qu’on ne le croit. Ces expériences peuvent être profondément déstabilisantes — en particulier lorsqu’elles se produisent en dehors de tout cadre spirituel ou contemplatif. Certaines s’accompagnent de fortes sensations énergétiques, mais beaucoup sont plutôt liées à des phénomènes de dissolution de l’ego ou de changements soudains d’identité ou de sens.
En pratique, toutefois, le terme éveil de la kundalini est souvent utilisé comme un fourre-tout pour désigner n’importe quel état modifié intense ou inhabituel — quelle qu’en soit la cause ou la nature. Je pense qu’il est temps d’adopter une compréhension plus fine, qui distingue les différents types d’expériences et qui interroge leurs véritables liens (ou non) avec les montées d’énergies dans un cadre de pratique du yoga.
Le bouleversement intérieur est-il toujours spirituel ?
Des bouleversements émotionnels puissants peuvent aussi survenir dans la vie ordinaire — à la suite d’un deuil, d’une rupture, d’une trahison ou d’une crise existentielle. Toute expérience intense porte en elle un potentiel de transformation autant que de déséquilibre. Jusqu’à quel point est-il légitime de relier ces processus à une force spirituelle ?
Kundalini et troubles psychologiques
Étant donné les récits dominants autour de la kundalini, interpréter la maladie comme un processus spirituel peut parfois servir de mécanisme d’adaptation psychologique — une façon de donner du sens à la souffrance, ou d’éviter de faire face à la réalité douloureuse d’un traumatisme ou d’une pathologie mentale.
D’après mon expérience — ayant été témoin de troubles psychiatriques de près, dans mon entourage personnel — j’ai vu des personnes puiser du réconfort et un sentiment de valeur en interprétant leur détresse comme un éveil spirituel plutôt que comme un désordre psychologique. Si cela peut offrir un soulagement temporaire, cela souligne surtout la nécessité de discernement et d’accompagnement.
Comment parler de la kundalini avec plus de précision
Aujourd’hui, le mot kundalini est devenu un terme flou et surchargé. Il sert à désigner aussi bien des états de béatitude spirituelle que des épisodes psychotiques, des picotements légers que des bouleversements psychologiques majeurs — voire la trame même de l’univers.
Une approche plus utile consisterait à distinguer clairement plusieurs catégories et à les traiter séparément. Voici ma proposition :
Substrat métaphysique – La kundalini comme fondement de l’existence elle-même. Elle est la matrice subtile de l’être, toujours présente, omniprésente, et ne se limite ni au corps humain ni à l’expérience spirituelle individuelle.
Montées d’énergie – Sensations de mouvement prānique, courants dans la colonne vertébrale, vibrations ou chaleur.
Urgences spirituelles – États modifiés perturbateurs qui peuvent submerger le système nerveux ou le sens de soi, mais ouvrir à une croissance intérieure.
Expériences d’éveil – Changements soudains de perception, de conscience ou d’identité, apportant des transformations durables, souvent sans manifestations énergétiques intenses.
Dissolution de l’ego – Expériences non duelles ou transcendantes impliquant la perte du sentiment d’un moi séparé.
Crises psychologiques – Traumatismes, psychoses ou effondrements émotionnels interprétés en termes spirituels, mais sans ancrage dans une pratique ou une tradition.
États mystiques – Expériences de pic d’unité, de félicité ou de présence divine, avec ou sans mouvement d’énergie.
Parler de kundalini comme si elle englobait tout cela à la fois n’a pas vraiment de sens.

Conclusion : une invitation à la clarté et à l’expérience
Parler de la kundalini, c’est naviguer entre mythe et expérience, entre héritage ancien et projections modernes. Ce voyage à travers les textes, les témoignages et les perspectives scientifiques ne nous offre pas de vérité unique — mais il ouvre la voie à un regard plus clair, plus nuancé, et plus enraciné.
Plutôt que de craindre ou de fantasmer cette shakti — longtemps perçue comme la déesse endormie au cœur de l’être — il est important de reconnaître que ce qui déstabilise n’est pas l’énergie en elle-même, mais la peur qu’elle suscite. C’est souvent la rencontre avec l’inconnu, plus que l’intensité des expériences, qui provoque l’angoisse.
Intégrées dans un cadre structuré, avec des pratiques progressives et un accompagnement solide, des expériences intérieures intenses peuvent être traversées et assimilées sans heurts. Elles ne sont pas un problème en soi — au contraire, elles peuvent témoigner d’une transformation saine.
Il existe encore aujourd’hui des enseignants expérimentés qui savent travailler avec les énergies de l’être humain. Leur approche est simple, rigoureuse et ancrée dans l’expérience. Ils rappellent que la véritable difficulté réside non dans l’énergie elle-même, mais dans l’absence de préparation, de cadre ou de compréhension. Ce n’est pas l’intensité qu’il faut redouter, mais la confusion et l’isolement.
Avec discernement, patience et des repères clairs, ces processus peuvent devenir non pas une crise, mais une étape précieuse sur le chemin de la réalisation de soi.
Points à retenir
- Le mot kundalini a connu de nombreuses évolutions : dans les premiers textes tantriques, il désigne une puissance cosmique créatrice — bien au-delà d’une simple énergie individuelle.
- Il n’existe pas une vision unique de la kundalini dans les textes traditionnels : elle peut résider dans le cœur, à la base de la colonne ou au sommet du crâne, et prendre des formes variées — vibration, pousse spiralée, déesse, serpent symbolique.
- Les textes yogiques sont souvent prescriptifs, non descriptifs : ils décrivent des visualisations et des pratiques à effectuer, et non des réalités anatomiques ou énergétiques objectives.
- La peur moderne de la kundalini provient en grande partie d’interprétations occidentales, notamment théosophiques, qui ont présenté cette force comme dangereuse, sans fondement dans les textes anciens.
- Des figures comme Carl Jung ont relié la kundalini à des processus intérieurs, mais en la redéfinissant selon une lecture psychologique étrangère au yoga traditionnel.
- Les expériences d’éveil énergétique sont bien réelles, mais elles ne correspondent ni toujours aux récits classiques ni aux représentations modernes. Elles peuvent être subtiles ou puissantes, progressives ou soudaines.
- Le mot kundalini sert aujourd’hui à désigner des réalités très différentes : mouvements d’énergie, états modifiés de conscience, urgences spirituelles ou troubles psychiques. Il est essentiel de distinguer clairement ces phénomènes.
- L’éveil intérieur n’est pas toujours énergétique : il peut survenir dans le silence, la lucidité, la paix, ou par la dissolution du sentiment d’un moi séparé — sans sensations spectaculaires.
- Le danger ne vient pas de l’expérience elle-même, mais du manque de structure intérieure, d’ancrage, de discernement et de cadre pour l’intégrer avec justesse.
- Il existe encore aujourd’hui des enseignants enracinés dans des lignées vivantes, capables d’accompagner avec clarté, humilité et rigueur des processus de transformation profonde.
Sources
Christopher Wallis (Hareesh), « The Real Story on Kundalini, » Hareesh.org blog, January 31, 2022, https://hareesh.org/blog/2022/1/31/the-real-story-on-kundalini.
Wallis, Christopher (Hareesh). « What is the Original Kundalini Yoga? » Hareesh.org blog. August 15, 2023. https://hareesh.org/blog/2023/8/15/what-is-the-original-kundalini-yoga.
Yudiantara, I. P. (n.d.). Kundalini Yoga From the Early Tantras To the Hatha Yoga. [Unpublished manuscript]. Indonesia Hindu University; Bali Wisdom Foundation.
Goodall, D. (2020). Dressing for Power: On vrata, caryā, and vidyāvrata in the Early Mantramārga, and on the Structure of the Guhyasūtra of the Niśvāsatattvasamhitā. In D. Goodall, S. Hatley, H. Isaacson, & S. Raman (Eds.), Śaivism and the Tantric Traditions: Essays in Honour of Alexis G.J.S. Sanderson (pp. 3–83). Brill.
Leadbeater, C. W. (1927). The Chakras. Theosophical Publishing House.
Flood, G. (2006). The Tantric Body: The Secret Tradition of Hindu Religion. I.B. Tauris.
Sannella, L. (1978). The Kundalini experience: Psychosis or transcendence? Anima Books.
Grof, S. (1975). LSD Psychotherapy. Hunter House.
Taylor, S. (2017). The Leap: The Psychology of Spiritual Awakening.
Hatha Yoga Project. (n.d.). Hatha Yoga Pradipika: A Critical Edition. Retrieved [Month Day, Year, e.g., July 10, 2025], from http://hathapradipika.online/
Goleman, D., & Davidson, R. J. (2017). Altered traits: Science reveals how meditation changes your mind, brain, and body. Avery.
Penman, S., Cohen, M., Stevens, P., & Jackson, S. (2012). Yoga in Australia: Results of a national survey. Complementary Therapies in Clinical Practice, 18(4), 185–193.
Church, D. (2018). Mind to matter: The astonishing science of how your brain creates material reality (1st ed.). Hay House.

Rencontrez votre auteur
Christian Möllenhoff
Professeur de yoga et formateur d’enseignants, Christian est reconnu pour sa pédagogie rigoureuse et inspirante. Il est le professeur principal de l’école Yoga & Méditation Paris, le créateur du site Forceful Tranquility, et l’auteur principal de ce blog.