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L’histoire du yoga – Un résumé pour les yogis modernes

Shiva, le premier yogi.

Voici un résumé de l’histoire du yoga, depuis ses débuts jusqu’à nos jours. Sa lecture vous prendra environ 15 minutes et vous retracera le parcours qu’a suivi le yoga pour devenir ce qu’il est aujourd’hui. La connaissance est un pouvoir, et si vous pratiquez le yoga, connaître son histoire vous aidera à avoir plus de contrôle sur votre propre parcours yogique.

L’histoire du yoga dévoilée

Lorsque j’ai débuté le yoga à la fin des années 90, l’histoire du yoga était beaucoup moins connue qu’aujourd’hui. D’une part, c’était un sujet peu recherché, et d’autre part, c’était avant l’ère d’Internet, la connaissance était donc moins accessible.

Ainsi, les experts et gourous du yoga pouvaient formuler des déclarations audacieuses sur les origines du yoga, souvent en attribuant à leur propre tradition une place favorable. Ils pouvaient aussi présenter le yoga comme un système divin, inchangé malgré les vicissitudes du temps depuis la préhistoire.

Cependant, avec l’explosion de la popularité du yoga, il est devenu un sujet d’étude académique. Depuis l’an 2000 environ, de nombreuses écritures ancestrales du yoga ont été découvertes dans des archives en Inde, puis traduites et étudiées. Grâce à des chercheurs tels que Mark Singleton, James Mallinson, et Jason Birch, nous pouvons aujourd’hui séparer le vrai de la fiction.

Explorons donc les pistes sinueuses que le yoga a suivies pour parvenir au 21e siècle.

Le yoga le plus ancien

Avant le Ve siècle av. J.-C.

Pour commencer, la première question est de savoir quand le yoga a vu le jour. Les récits fantastiques sont nombreux, mais que peut-on savoir avec certitude ?

Aucune preuve de yoga dans la civilisation de la vallée de l’Indus

Le yoga est fondamentalement une tradition orale, et en tant que telle, le début de son histoire prédate très probablement les premiers artefacts qu’elle aurait pu laisser. La question est de savoir depuis combien de temps. Malheureusement, il est impossible de le savoir.

On entend souvent dire que le yoga trouve ses origines dans la civilisation de la vallée de l’Indus (nord-ouest de l’Inde actuelle), il y a environ 5000 ans. Cette affirmation repose sur un ou deux objets archéologiques qui pourraient représenter une posture de méditation. Cependant, on ne peut pas en être certain, et ces images pourraient très bien représenter autre chose.

Le yoga est absent des Védas

Une autre affirmation serait que le yoga est déjà présent dans les écritures appelées les Védas. Il s’agit de textes indiens dont les plus anciens pourraient remonter à 3500 ans. Les Védas, qui sont des textes sacrés dans l’hindouisme, contiennent des hymnes, des rituels, et des discussions philosophiques, mais le terme « yoga » tel qu’il est communément compris aujourd’hui n’est pas explicitement mentionné. De plus, les méthodes regroupant ce que nous associons généralement au yoga sont également absentes.

Les Upanishads – les premiers pas vers le yoga

Un autre groupe de textes ancestraux indiens sont les Upanishads. Traditionnellement, on en compte 108, et parmi les plus récents, certains sont des manuels de yoga datant de quelques centaines d’années seulement.

Cependant, les Upanishads les plus anciens ont plus de deux mille ans, et dans ces textes, certains des concepts clés du yoga commencent à se dessiner. Un thème récurrent est l’affirmation que le soi ultime de l’individu, l’atman, est en réalité la conscience universelle, brahman. Dans les premiers Upanishads, les qualités mystiques de la respiration sont également expliquées, ainsi que le pouvoir de la syllabe « om ».

C’est également dans les premiers Upanishads que les concepts de karma et de réincarnation apparaissent pour la première fois par écrit.

Les auteurs des Upanishads prétendent que le savoir contenu en eux provient des Védas. Il est typique de la tradition indienne de se référer à des textes plus anciens pour gagner en autorité pour de nouveaux concepts.

Les enseignements du Bouddha

Bouddha a vécu au Ve siècle environ avant J.-C. Il est impossible de parler de l’histoire du yoga sans le mentionner en raison des similitudes et des points de contact entre les deux traditions jusqu’à nos jours.

L’enseignement de Bouddha coïncide avec celui des premiers Upanishads, et son approche de l’illumination présente des points importants de convergence avec les discours de ceux-ci. Cependant, il existe des différences philosophiques significatives.

L’une des plus grandes différences est que Bouddha ne reconnaît pas l’âme individuelle. Pour lui, la réalisation ultime est que le soi est une illusion. En revanche, dans le yoga, le soi est considéré comme réel, et la réalisation ultime est qu’il fait partie de la conscience universelle.

Cette différence philosophique suscite des débats passionnés.

Le proto-yoga des austérités

Les chercheurs en yoga s’accordent à dire que les premières tentatives vers le yoga physique ont commencé dans le nord de l’Inde, et que les premières méthodes étaient des pratiques d’austérité difficiles appelées tapasya. Cela pouvait consister à rester debout en permanence ou à maintenir un ou deux bras levés au-dessus de la tête. Ces pratiques exigeaient le développement d’une dévotion et d’une volonté remarquables.

Tapasvi Amar Bharati
Le tapasvi Baba Amar Bharati est l’un des rares pratiquants de tapasya contemporains. Il avait déjà maintenu son bras tendu au-dessus de la tête pendant 30 ans lorsque je l’ai rencontré en 2010. « Ceci est le yoga ancestral », disait-il. (Photo utilisée avec l’aimable autorisation de Adinath Puri.)

L’ardeur du tapasya purifiait les yogis. En se détournant des besoins du corps, ils devenaient moins préoccupés par les préférences et les aversions.

Lorsque Alexandre le Grand a envahi l’Inde en 326 av. J.-C., son entourage a témoigné avoir rencontré des ascètes pratiquant tapasya. De plus, Bouddha témoigne avoir expérimenté certaines pratiques d’austérité (qui ne l’ont pas impressionné) avant son illumination.

Le yoga classique

Du V siècle av. J.-C. au VIe siècle après J-C

Le Mahabharata et les premières instructions précises sur le yoga

Le Mahabharata est une œuvre colossale de trois millions de mots divisée en 18 livres. Ce texte épique, rédigé sur au moins deux cents ans, couvre une multitude de sujets. Certaines sections traitent du yoga de manière plus détaillée et spécifique que les premiers Upanishades.

Dans le Mahabharata, le yoga est défini comme la méditation, avec deux variétés : la concentration et le contrôle de la respiration.

Il y a aussi des instructions sur la conduite nécessaire pour se préparer à la pratique. La non-violence et l’abstinence sexuelle sont indiquées. Les adeptes sont également encouragés à cultiver des qualités telles que la gentillesse, la tolérance, la paix, la charité, l’honnêteté, la modestie, la propriété, et la pureté alimentaire.

Dans le Mahabharata, on trouve également les premières références aux chants méditatifs. Au lieu que le chant soit un élément de rituels, le texte indique de chanter le même vers jusqu’à ce que l’esprit soit unifié.

Dans une section du Mahabharata, le Bhagavad Gita, le concept du karma yoga est défini. Le karma yoga est le yoga de l’action, rendant ainsi le yoga compatible avec la vie quotidienne. Le karma yogi accomplit ses devoirs sans attachements, renonçant aux fruits de ses actions.

Dans le Mahabharata, le dieu Krishna enseigne le yoga, notamment le karma yoga, au héros Arjuna au milieu d’une bataille. Photo par Oleg Churakov sur Unsplash.

Le yoga de Patanjali

L’un des textes sur le yoga les plus célèbres de nos jours, les Yoga Sutras de Patanjali, a été composé environ 500 ans après J.-C. Le yoga décrit dans les sutras se base sur une philosophie appelée Samkhya, qui diffère de la perspective proposée dans les Upanishads. Il s’agit d’une philosophie dualiste qui fait la distinction entre la conscience (purusha) et l’univers matériel (prakriti).

On ne sait pas qui était Patanjali ou même s’il a réellement existé. Il est probable que les Yoga Sutras aient été compilés à partir de textes plus anciens, comme c’est le cas avec de nombreuses autres écritures sur le yoga.

Ce texte est philosophique et avancé, et le yoga décrit est axé sur la méditation. Patanjali propose une définition célèbre du yoga :

« Le yoga est la cessation des fluctuations du mental. »

Les Yoga Sutras de Patanjali 1:2

Pour atteindre cet état, il est proposé de d’abord établir une base d’observances éthiques et de codes moraux (yama et niyama). Ensuite, on peut passer à la méditation profonde grâce à une posture de méditation stable et confortable et grâce à une maîtrise de la respiration.


Adi Shankaracharya et le criticisme des sutras

Certains yogis qui ont vécu peu de temps après la composition des Yoga Sutras n’étaient pas impressionnés par ce texte. C’est le cas d’Adi Shankaracharya, un philosophe et yogi qui a consolidé la doctrine de l’advaita vedanta et qui était également le fondateur du système d’ordre yogi toujours en vigueur aujourd’hui (dasnami sampradaya). Adi Shankaracharya a rejeté les Yoga Sutras comme une théorie défectueuse qui ne fonctionne pas.

Les Yoga Sutras sont la référence textuelle d’excellence dans plusieurs traditions modernes du yoga postural. Mais Patanjali ne traite pas des postures du yoga, il parle uniquement de postures de méditation.

La plupart des traductions des Yoga Sutras les interprètent d’un point de vue moderne, souvent en les adaptant pour convenir à une tradition de yoga moderne spécifique. Étudiez quelques traductions différentes, et vous verrez que ce n’est pas le même livre.

La période tantrique

Du VIe siècle après J.-C. au Xe siècle après J-C

Le tantra est un courant yogique qui apparaît quelques centaines d’années après les Yoga Sutras. Il s’agit d’un yoga tout à fait différent.

Néo-tantra

Il y a aussi un courant moderne de sexualité consciente appelé tantra ou néo-tantra. Mais attention, malgré le nom, cela n’a presque rien à voir avec le tantra classique.

Une contre-culture spirituelle

Le tantra est considéré comme une contre-culture dans le contexte des traditions védiques et brahmaniques. Ces traditions mettaient l’accent sur les rituels rigides, les hiérarchies sociales strictes, et les pratiques ascétiques. En revanche, le tantra a émergé comme un mouvement cherchant des expériences directes du divin, rejetant les normes sociales et adoptant des pratiques non conventionnelles.

Le tantra comprend un élément de transgression. Pour apprendre ses secrets, l’initiation par un gourou était nécessaire et les pratiques étaient codifiées en rituels. La voie tantrique vise à transformer le monde mondain en un outil pour atteindre le sacré.

Le tantra a grandement contribué au développement de la tradition du yoga. Voici ses contributions majeures.

Les mantras

Le tantra était tellement axé sur les mantras que le mouvement en tant que tel est aussi appelé le mantra marga, la voie du mantra. Chez les tantriques, les mantras n’étaient pas des hymnes ou des paroles à chanter, mais la puissance était dans la prononciation exacte des syllabes elles-mêmes.

Les yantras

Il s’agit de formes géométriques. Les yantras pouvant contenir un pouvoir et leur visualisation évoquaient ce pouvoir chez le méditant.

Chakras, nadis, et kundalini

Un autre concept qui est né parmi les tantriques est celui de chakra. Pour les tantriques, les chakras étaient des supports de méditation. Pour explorer davantage ce sujet, lisez mon article dédié.

Les textes tantriques sont également les premiers textes à parler de l’énergie kundalini. Ils évoquent aussi le concept des canaux praniques, les nadis.

Image des chakras tantriques dans une peinture de Rajastan du 17ème siècle.

Le hatha yoga médiéval et le raja yoga

Du XIe siècle après J.-C. au XVIe siècle après J.-C.

Encore quelques centaines d’années après le tantra, le hatha yoga arrive sur la scène. Pour la première fois, le corps physique devient un véhicule vers la libération. Toutefois, il faut noter que le hatha yoga originel n’a que peu à voir avec le yoga postural doux et lent que l’on appelle du hatha yoga aujourd’hui.

Le yoga de la force

Le mot « hatha » signifie littéralement « force », « puissant », ou « énergique ».

Ce courant s’inspire des pratiques d’austérité (tapasya) des ascètes ancestraux tout en les rendant beaucoup plus douces. Il s’inspire également du tantra.

Le hatha yoga est le premier courant de yoga à employer des méthodes physiques. Ces méthodes s’appellent les mudras et les bandhas. Mais ce qui le définit surtout, c’est les pranayamas, les exercices de respiration.

Les hatha yogis décrivent les pranayamas comme des techniques exigeantes. Il s’agit de retenir le souffle longtemps et de respirer très lentement. Pour eux, contrôler la respiration est la clé du succès, car en maîtrisant la respiration, on calme le mental.

L’avènement des asanas

C’est aussi maintenant que, pour la première fois, des postures autres que les postures de méditation apparaissent. Jusqu’à maintenant, l’asana était simplement la manière d’être assis. Le mot asana signifie d’ailleurs littéralement “siège”.

Les nouvelles postures du hatha yoga sont là pour rendre le corps apte à l’immobilité dans les pratiques méditatives et les pranayamas. Dans les premiers textes de hatha yoga, quelques-unes sont décrites, puis, au fil des siècles, de plus en plus.

Pour mieux connaître l’évolution des asanas, lisez mon article qui résume le nombre de postures dans les textes sources au fil des siècles.

Le yoga se démocratice et devient thérapeutique

Le hatha yoga démocratise le yoga. Les textes sont écrits en langage simple et la méthode est pratique. La philosophie prend une place minimale.Une autre nouveauté dans le hatha yoga est la perspective que le yoga peut être bénéfique pour la santé et être une méthode de guérison.

Le manuel de hatha yoga le plus connu s’appelle le Hatha Yoga Pradipika (la lampe du hatha yoga), écrit par le yogi Swatmarama au cours du 15e siècle. En réalité, il s’agit d’une compilation de nombreux textes plus anciens. Jusqu’à récemment, peu de textes sources de la tradition du hatha yoga avaient été traduits. Aujourd’hui, cela a changé et des textes fondateurs du hatha yoga, comme l’Amaraugha et l’Amaraughaprabhoda ont été repérés, traduits, et analysés.

Raja yoga – le courant concurrent

Un courant contemporain rivalisant avec le hatha yoga s’appelle le raja yoga, ou yoga royal. Les raja yogis rejettent entièrement le hatha yoga. Selon leur texte principal, l’Amanaska, les pratiques physiques sont sans importance.

Leur yoga est une forme de méditation avec un focus particulier sur le point intersourcilier. C’est une méthode très simple que tout le monde peut faire sans préparation. Cependant, bien que les instructions soient simples, il faut être assidu pour obtenir des résultats, et de longues heures de pratique sont préconisées.

Le hatha yogi Swatmarama désamorce la critique des raja yogis, suggérant que le hatha yoga est l’escalier vers le raja yoga. Selon lui, le hatha yoga est en effet une préparation nécessaire.

Le yoga pré-moderne

Du XVIIe siècle après J.-C. au XIXe siècle après J.-C.

La prolifération des postures et l’arrivée des influences occidentales

Depuis son apogée durant l’époque médiévale, le hatha yoga voit un déclin au cours des siècles suivants. Les yogis qui le maîtrisent deviennent de plus en plus rares.

Durant cette période, les postures du yoga gagnent lentement du terrain. À la fin du XVIIIe siècle, une centaine de postures ont été enseignées dans les textes yogiques, principalement des postures de méditation et d’autres postures assises, mais aussi des flexions vers l’avant et en arrière, des torsions, des inversions, et des postures en équilibre sur les bras.

Yogi dans padmasana.
Cette image et les suivantes représentent quelques-unes des 84 postures détaillées dans le Joogapradipika, un texte datant de 1737 après J.-C. La plupart d’entre elles sont des postures de méditation. (Image by courtesy of the British Library Add 24099.)

Un intérêt croissant en Occident

Vers la fin du XIXe siècle, l’intérêt pour la spiritualité indienne s’éveille en Occident. Les théosophes, une association d’amateurs de spiritualité, interprètent les anciens écrits à leur manière. Leur perspective sur certains concepts clés du yoga, comme les chakras, a un impact significatif dans le monde occidental.

C’est également en 1893 que Swami Vivekananda fait un discours phare au Parlement des religions à Chicago. Vivekananda présente une synthèse du yoga qu’il a élaborée lui-même, adaptée à son auditoire américain.

L’image imprimée distribuée en masse

Le Yogasopana Purvacatusca est un livre indien paru en 1905 et écrit par Yogi Narayana Ghamande. Il est le premier et probablement le seul manuel de yoga illustré avec des similigravures. Il a eu une influence particulière en tant que premier manuel de yoga illustré à être imprimé.

Le chercheur en yoga Mark Singleton (de l’université de Londres) explique que la publication du Yogasopana a marqué un moment important dans le passage du hatha yoga médiéval au yoga moderne axé sur l’exercice physique. C’était la première fois que le corps yogique était représenté de manière réaliste. C’était une grande différence par rapport à la tradition du hatha yoga qui durait depuis des siècles. Dans cette tradition, le corps était peint de manière symbolique pour montrer des caractéristiques invisibles telles que le corps subtil avec ses chakras.

L’image imprimée facilite également la visualisation des postures et les rend plus faciles à communiquer à un large public. Tout à coup, les postures ont un avantage communicatif par rapport aux techniques méditatives qui se décrivent mieux en texte ou en paroles.

Baddha padmasana effectué par yogi Ghamande, illustré dans Yogasopana Purvacatusca.
La seule posture debout est le eka pada pranamasana.

Le yoga moderne

Du XXe siècle après J.-C. à présent

Lorsqu’on se rapproche de notre époque actuelle, le yoga se voit transformer à nouveau.

La gymnastique scandinave

Au début du XXe siècle, une réinvention du yoga commence en Inde. À ce moment-là, l’Inde est déjà exposée aux influences occidentales. La gymnastique scandinave a une forte présence et est enseignée dans les écoles partout en Inde. Les étudiants étirent leur corps en les maintenant dans des postures, et les enchaînent avec attention.

Dans son livre The Truth of Yoga, Daniel Simpson cite Hugo Rothstein, qui a introduit la gymnastique suédoise à l’armée prussienne :

« Il est nécessaire que la plus grande quiétude, ordre et attention, précision, etc. soient maintenus, et que l’obéissance soit exacte aux instructions et ordres du professeur. »

Hugo Rothstein

Cela correspond bien à la manière dont une séance de yoga moderne postural se déroule. On se reconnaîtra à la fois dans l’ambiance et les exercices effectués.

En Inde, des sportifs s’inspirent des anciennes postures yogiques et les mélangent avec des mouvements de gymnastique. Ainsi arrivent les postures debout pieds écartés telles que trikonasana (la posture du triangle) et virabhadrasana (la posture du guerrier).

Posture du guerrier.
La posture du guerrier. Une posture emblématique du yoga moderne, mais absente dans les traditions antérieures au 20e siècle.

La salutation au soleil

Aussi, la salutation au soleil, qui est une pratique clé dans de nombreuses traditions modernes, a ses origines de cette période. D’après Mark Singleton, ce serait le bodybuilder indien Pratinidhi Pant qui l’aurait inventée, inspiré par d’anciens mouvements de prostration. Pant avait besoin d’un échauffement pour son programme de musculation. Il ne considérait pas lui-même la salutation au soleil comme étant du yoga.

Mélanges et développements

Les maîtres yogi du XXe siècle empruntent des éléments des traditions anciennes et créent leurs propres approches, la plupart du temps avec un accent mis sur les postures. Cette expérimentation a lieu à la fois dans les salles de sport et dans les ashrams.

Les yogis tels que Swami Kuvalayananda et Swami Sivananda (qui était un médecin indien formé en médecine occidentale) participent activement à la révolution du yoga et promeuvent le yoga pour ses bienfaits sur la santé. Ils adoptent un nouveau regard scientifique sur le yoga et attirent des disciples occidentaux qui viennent étudier avec eux.

Le yoga devient un phénomène international et les influences de la spiritualité occidentale arrivent. La transformation que le yoga vit en devenant international est tellement significative que le chercheur Mark Singleton fait la distinction entre le « yoga anglophone transnational » et le yoga traditionnel enseigné dans les langues locales au sein d’un contexte culturel indien.

Le yoga transnational anglophone

Le yoga transnational anglophone s’étend aussi bien en Inde que dans le reste du monde. Ce yoga moderne s’inspire des différentes étapes que le yoga a parcourues à des degrés variés. Les traditions modernes sont hétérogènes, mais la majorité accorde beaucoup d’importance aux postures et aux mouvements, tels que popularisés au cours du XXe siècle.

Cependant, il existe également de nombreuses exceptions. Par exemple, l’organisation Brahma Kumaris enseigne le raja yoga d’une manière fidèle aux enseignements médiévaux, et la tradition Satyananda qui transmet de nombreuses techniques issues du hatha yoga et du tantra.

A retenir

  • Le yoga a au moins 2500 ans.
  • Différentes sortes de pratiques avec des objectifs variés ont été enseignées au nom du yoga.
  • Diverses traditions yogiques se sont tantôt opposées, tantôt empruntées des perspectives et des méthodes, souvent aboutissant à des doctrines patchwork aux messages contradictoires.
  • Traditionnellement, le yoga était accès sur la méditation et la respiration.
  • Le yoga moderne postural trouve ses origines non seulement dans les traditions vernaculaires indiennes, mais aussi dans la gymnastique scandinave.
  • Notre regard sur le yoga a été fortement influencé par un dialogue interculturel entre la culture indienne et la culture occidental depuis le 19ème siècle.

Remerciements :
Romain Di Pace, pour la relecture.

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Christian Möllenhoff professeur de yoga et e méditation
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Christian Möllenhoff

Professeur de yoga et de méditation et formateur d’enseignants. Reconnu pour sa pédagogie des plus rigoureuses, Christian est le professeur principal de l’école Yoga & Méditation Paris et le créateur du site Forceful Tranquility.